Une svastika
C'est l'un des plus anciens symboles de l'humanité que l'on retrouve sous plusieurs formes dans la majorité des civilisations du monde, bien qu'il n’ait pas toujours la même signification. Les différentes graphies inspirées de la forme du svastika ont pu naître indépendamment les unes des autres, bien que certaines soient liées historiquement (svastikas indien et bouddhique, svastika indien et svastika du xxe siècle européen).
Les premiers svastikas connus se trouvent en Ukraine à Mezin vers 10000 av. J.-C. Puis viennent ceux retrouvés sur des poteries de la culture de Samarra, établie sur le moyen Tigre et jusqu'au moyen Euphrate, sur la céramique Vinca de Transylvanie et datant du Ve millénaire av. J.-C., suivis par ceux des poteries de Sintashta au Sud de l'Oural datant du IIe millénaire. Leur présence se fait plus importante à partir de l'âge du bronze. Les principales occurrences du svastika en Europe et en Asie centrale sont : dans le Caucase (culture de Koban), en Azerbaïdjan, chez les Scythes et leurs parents les Sarmates, chez les Hittites, les Celtes (triskell), les Grecs (grecque), et les peuples germaniques (notamment les Goths ) Plus tard, on en trouve en Islande deux versions, le marteau de Thor (elle apparaît aussi sur la ceinture de Thor sur le tableau de M. E. Winge (1872) où il affronte les géants) tournoyant dans le ciel et représentant le soleil, et le Þórshamar des grimoires ; le lauburu est typique du Pays basque. Le svastika apparaît également dans de nombreuses cultures d'Asie, d'Afrique et d'Amérique. On le trouve dans deux idéogrammes chinois ou plus couramment , signifiant « dix mille » (c'est-à-dire l'éternité) ou « le cœur de Bouddha ».
Traditionnellement, on distingue deux types de svastika : le svastika dextrogyre (girant d’ouest en est, sens établi selon le point de vue de l’observateur) et le svastika sénestrogyre (girant d’est en ouest). Les auteurs modernes occidentaux ont beaucoup épilogué et fantasmé sur ces deux orientations, attribuant à la première un contenu « négatif » car supposée « inversée », à la seconde un contenu « positif », son sens étant considéré comme normal. En fait de telles hypothèses sont secondaires et n’affectent pas le sens général du signe. L’Occident comme l’Asie utilisent indifféremment les deux types de svastika et les placent même très fréquemment côte à côte, symbolisant ainsi leur complémentarité. Plutôt que de sens « négatif » et « positif », il est plus juste de se référer à deux orientations plus importantes : l’orientation « polaire » ou sénestrogyre, la rotation s’effectuant en ayant le centre à sa gauche, et l’orientation « solaire » ou dextrogyre, le centre étant à sa droite. La détermination de la giration dépend en fait de la position physique, mais exclusivement spiritualo-métaphysique à l’origine, de l’observateur. (...) Le svastika originel était sénestrogyre, ainsi que le précisent les textes védiques et hindous (Padma Purana, Râmâyana, etc.) et les auteurs antiques (Diodore de Sicile, Hécatée d’Abdère, etc.) (p. 38-39)
Différentes hypothèses ont été avancées pour expliquer l'ubiquité du svastika. Une explication triviale est qu'il s'agit d'un motif décoratif facile à exécuter. Une autre, qui fait appel aux fonctions symboliques communes à tous les humains, suggère qu'il s'agirait à l'origine d'une représentation d'un mouvement rotatif : rotation apparente du soleil dans sa course diurne, comme celle de la lune et des planètes, de gauche à droite dans l'hémisphère Nord (soit dans le sens des aiguilles d'une montre) ; rotation du ciel nocturne autour de l'étoile polaire (rotation inverse, due au changement de point de vue de l'observateur, tourné vers le Nord et non plus vers le Sud). D'autres corps célestes ont été proposés, une comète par exemple, selon l'astronome Carl Sagan, au vu de celle représentée dans un manuscrit chinois de Mawangdui. Chez les Navajos, il s'agit de la rotation d'une bûche.
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